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Nouvelles locales

« Contrôle des prix pour éviter les surprofits »

Thierry Defresne Délégué syndical central CGT Total raffinage pétrochimie

Comment expliquez-vous cette dépendance aux importations, alors qu’en France nous avons TotalEnergies ?

Des douze raffineries que possédait la France il y a douze ans, il n’en reste que six. Le discours de l’époque était d’adapter notre outil à la demande française. Il y avait alors un déséquilibre dans le parc automobile : la demande de diesel était bien plus forte que celle d’essence. Les excédents d’essence étaient envoyés aux États-Unis, en Afrique, en Grande-Bretagne… Sauf que l’expédition de ces excédents entraînait une remise de prix qui ne répondait pas aux exigences de rentabilité. Dès 2015, face à de faibles marges de raffinage, Total a lancé un plan de réduction des coûts. L’objectif était qu’à 20 dollars la tonne les raffineries françaises puissent encore dégager une marge. Les investissements sont allés dans ce sens, vers les bioplastiques, les biocarburants, comme cela a été fait par exemple à Donges (Loire-Atlantique). Il était possible de rééquilibrer la production essence/diesel, mais il fallait investir entre 500 et 700 millions d’euros par raffinerie. Total n’était pas prêt à le faire, surtout pas pour les petits. En revanche, le groupe a ouvert d’autres outils de production en Arabie saoudite, où polluer et travailler coûtent moins cher. Douze millions de tonnes de pétrole brut y sont brassées, contre 3 millions pour la raffinerie normande.

Peut-on réinstaller des raffineries sur le territoire ?

C’est impossible. Une raffinerie qui brasse 3 millions de tonnes coûte 10 milliards de dollars. Aucun constructeur en France n’est capable de mettre une telle somme pour en construire un. Et si jamais quelqu’un s’y mettait, comment réagiraient l’opinion publique, les ONG, quand l’objectif est de sortir des énergies fossiles ? Il n’y a pas de solution de ce côté-là, nous sommes condamnés à être dépendants des importations. Du coup, les coûts (Brent, marges, transport) s’additionnent. La facture à la pompe est salée.

Taxe sur les superprofits, aides à la pompe, quelle solution possible quand le prix du pétrole flambe ?

Je n’ai pas les chiffres exacts mais l’aide de Total de 20 centimes le litre coûtera au groupe entre 500 et 600 millions d’euros. Une taxe de 25% sur ses superprofits de 16 milliards d’euros en 2021 aurait fait rentrer 4 milliards dans les caisses de l’Etat. Si je pense qu’il serait effectivement nécessaire d’obtenir cet argent, le problème de fond demeure néanmoins. La solution serait d’empêcher un système permettant à TotalEnergies de récolter de tels résultats. C’est juste incroyable : au premier semestre, le groupe a fait 18,8 milliards après les 12 milliards en 2021, ce qui était déjà un record absolu. En interne, des bénéfices de fin d’année de 34 milliards de dollars sont attendus. Pour éviter ces surprofits, le contrôle des prix, comme cela se fait dans plusieurs pays, autour d’un pôle public est la solution. Cette institution pourrait ainsi fixer le prix du litre de diesel à 1,40 euro et celui de l’essence à 1,30 euro. Cela réduirait en effet l’abondance des profits réalisés par les groupes pétroliers.

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