Comment les ventes de disques vinyles ont-elles réussi à dépasser les ventes de CD aux États-Unis ?

C’est une première depuis 1987 aux Etats-Unis : les ventes de vinyles (41 millions d’exemplaires) en 2022 ont dépassé celles des CD (33 millions), preuve de l’engouement pour ce format rétro en vogue. Beauté de l’objet pour les uns, qualité du son pour les autres, ce phénomène a même relancé la fabrication de platines avec têtes de lecture analogiques.

Dans sa boutique new-yorkaise, le Village Revival Records, Jamal Alnasr savoure ce retour en grâce. «Qui aurait pu imaginer que le vinyle reviendrait à la vie ?», sourit cet homme de 50 ans qui a quitté la Cisjordanie à l’adolescence pour s’installer à New York. Depuis trente ans, il vend des vinyles neufs et d’occasion dans son magasin de Greenwich Village. Maintenant »une nouvelle génération, des gosses, (venez) chercher toute la musique des années 1930, 1940 et 1950« , il explique. «Ils en savent plus que nous, qui avons grandi dans les années 1990 ou 1980« , rit-il encore.

Son plus chaud et couvertures à afficher sur le mur

Au Village Revival Records, vous pourrez rencontrer Vijay Damerla, 20 ans. L’étudiant admet qu’il écoute principalement de la musique en ligne mais, même s’il ne possède pas de tourne-disque, il a commencé à collectionner des vinyles, principalement pour l’art visuel des pochettes. «C’est l’équivalent d’un poster d’artiste, ou même d’un poster d’album sur votre mur», explique-t-il, avant d’ajouter : «sauf qu’en fait, c’est un peu une relique du passé« .

Pour Céline Court, 29 ans, originaire des Pays-Bas et qui revendique 250 vinyles, ce qui compte le plus, c’est la nostalgie d’un son plus chaud, qu’on ne retrouverait pas en écoute numérique. «C’est si différent« , elle dit. «Il y a ce sentiment d’authenticité qui émane« . Le streaming, qui continue de se tailler la part du lion (84 % des 15,9 milliards de dollars de ventes totales de musique aux États-Unis en 2022) est «trop rapide, trop facile« , elle croit.

Metallica vient d’acheter une usine de pressage

L’engouement pour le vinyle outre-Atlantique est tel que des supermarchés comme Walmart ont adopté ce format. Quant à des stars comme Taylor Swift, Harry Styles ou Billie Eilish, elles font tourner à plein régime des usines de pressage qui débordent de commandes. Cette semaine, le groupe de heavy metal Metallica a même racheté un de ces fabricants de plaquettes, Furnace Record Pressing, pour satisfaire la demande de ses propres rééditions.

Le disquaire Jamal Alnasr, qui s’est lié d’amitié avec des stars comme Lana Del Rey, Rosalia et Bella Hadid, est prêt à expédier un disque à un VIP. Mais il préfère que les acheteurs se sentent «expérience physique« . »Je veux que les gens viennent ici et fouillent dans les vinyles et s’informent (…) Ils verront bien plus que la façade, il y a beaucoup de joyaux cachés ici», explique le passionné, qui dispose d’un stock tournant d’environ 200 000 vinyles. Sa cliente Céline Court approuve : « Il il y a une meilleure énergie quand on collectionne ses vinyles, quand on les écoute et qu’on en est fier« .