Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
Nouvelles locales

Comment la Chine envisage d’éradiquer sa propre diversité linguistique

Il s’agit d’une tâche à long terme, mais le gouvernement s’y est engagé. Depuis plusieurs années, l’État chinois souhaite éliminer progressivement la diversité des langues présentes en Chine, afin d’obliger les habitants à parler un seul idiome : le mandarin standard – aussi appelé putonghua.

Bien sûr, ce n’est pas nouveau, mais plus récemment, Pékin a mis un pied de manière significative dans ses régions administratives spéciales après avoir imposé l’apprentissage du mandarin dans les écoles du pays, rapporte les Affaires étrangères (FA).

⋙ Comment trouver des diamants roses ? Une ancienne mine volcanique fournit un indice clé aux chercheurs

302 langues vivantes

Comme le souligne le magazine Foreign Affairs, la Chine est souvent considérée comme un pays homogène en termes de langue. Cependant, ce n’est pas le cas. Selon le site Internet de l’Institut de langue chinoise de la ville de Guilin, l’État compte officiellement près de 302 langues vivantes, ce qui en fait l’un des territoires présentant le plus de variétés linguistiques.

Par ailleurs, au-delà des langues autochtones parlées comme le tibétain, le mongol et l’ouïghour, la République populaire connaît une dizaine de variantes de la langue chinoise, comme le cantonais, le shanghaïen et le sichuanais, souligne FA.

EN IMAGES, EN IMAGES Comment la Chine remodèle le monde

Comme le rapporte le groupe de recherche canadien BLID-LIDA (appartenance, identité, langue, diversité), il existe environ 56 groupes ethniques en Chine, dont la plupart ont « leur propre langue ». Certains possèdent même un système d’écriture extrêmement élaboré.

⋙ En Ukraine, la Russie continue d’envoyer ses parachutistes et troupes d’élite massacrer

« Construisons ensemble le rêve chinois »

Cependant, comme indiqué précédemment, le dirigeant chinois Xi Jinping s’est concentré pendant de nombreuses années sur la diffusion et l’utilisation d’une seule langue commune : le mandarin, aujourd’hui parlé par près de 1,12 milliard de personnes.

Le magazine Foreign Affairs prend soin de rappeler que dès 2012, une directive du gouvernement donnait la possibilité aux principaux acteurs étatiques de promouvoir le putonghua « superviser et inspecter » régulièrement des espaces publics et privés. L’objectif pour le pouvoir est simple : éliminer la diversité des langues et utiliser le mandarin à des fins « d’unification » – terme régulièrement utilisé par le gouvernement chinois, notamment dans le but de légitimer sa volonté de domination sur Taïwan.

Par ailleurs, l’éradication progressive des langues en Chine s’est poursuivie en 2021 lorsque le Parti communiste chinois (PCC) a annoncé l’obligation d’enseigner le mandarin aux enfants après l’école dans tout le pays, a rapporté Radio Free Asia. Sans surprise, la propagande n’a pas été ignorée puisque, comme le mentionne FA, lors de la « semaine de promotion du mandarin », il a été possible d’entendre une phrase joyeusement s’exclamée par les écoliers : « Parlez mandarin, construisons ensemble le rêve chinois ».

Comme le décrit le journal Mint en septembre 2021, ce plan démontre la volonté de Pékin de se concentrer « sur la culture d’une base solide de la langue chinoise standard » et sur « aide à bâtir une communauté pour la nation chinoise dès le plus jeune âge. » « La nation chinoise », une « Chine unifiée », tel est le rêve de Pékin qui, à travers ses messages de propagande, entame une « assimilation forcée » aux quatre coins du pays, explique Voa News.

⋙ Afrique du Sud : les conséquences de la migration des requins blancs pour échapper aux orques tueuses

Une situation humanitaire désastreuse

L’élimination des langues autochtones et régionales du pays représente une menace tant sur le plan culturel qu’humanitaire. En effet, la situation du peuple ouïghour au Xinjiang (territoire autonome du nord-ouest de la Chine) n’est plus un secret pour personne. Les Affaires étrangères rappellent que, dans la région, les Ouïghours sont détenus ou punis pour avoir utilisé leur langue maternelle.

Sans compter qu’au-delà des conditions épouvantables des détenus, les camps de concentration ouïghours obligent les prisonniers à apprendre le mandarin, ainsi que les lois gouvernementales. Comme l’explique le site du Council on Foreign Relations, après le déni par le gouvernement chinois de l’existence des camps, ce dernier, à travers un communiqué, a pleinement assumé les deux objectifs de ces lieux de détention : enseigner le mandarin et « Empêcher les citoyens d’être influencés par des idées extrémistes » – argument de légitimation récurrent dans un contexte de répression continue.

Les autorités peuvent être tout aussi violentes envers les Tibétains. FA affirme qu’en 2016, un militant pour la langue tibétaine a été arrêté après avoir demandé à l’État d’honorer « son engagement constitutionnel à considérer toutes les langues ethniques sur un pied d’égalité ».

⋙ Quelles sont les races de chats les plus câlins ?

La suppression de langues minoritaires afin d’élargir l’usage d’une autre est une pratique régulièrement utilisée, rappelle le quotidien Voice of America. Parmi les exemples cités, on peut citer celui de la Russie impériale et soviétique, qui a tenté d’éliminer l’usage de l’ukrainien, du polonais, du lituanien et même du biélorusse.

Sur le même sujet :
⋙ Droits de l’Homme : que contient le rapport de l’ONU sur le Xinjiang et les Ouïghours ?
⋙ De l’Inde à la Russie en passant par Taïwan, la nouvelle carte officielle de la Chine revendique les territoires de ses voisins
⋙ Les langues autochtones, « véhicules du patrimoine culturel » en danger d’extinction

GrP1

Photo de Malagigi Boutot

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
Bouton retour en haut de la page