Climat : des ouragans plus intenses à cause du réchauffement climatique ?

Deux morts au Canada le week-end des 24 et 25 septembre, sept morts dans les Caraïbes la semaine précédente… Le bilan humain de l’ouragan Fiona, classé catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson (avec 5 niveaux au total), se poursuit croître – alors que dans le même temps, Cuba et la Floride se préparaient déjà à affronter l’ouragan Ian, au fort potentiel destructeur.
S’il n’est pas encore possible de faire le bilan de la saison cyclonique 2022 en Atlantique Nord, elle serait cependant en bonne voie pour monter sur le terrible podium des années les plus actives, dont les 1er et 2ème marché sont actuellement occupés par les 2020 et saisons 2005, avec respectivement 14 et 15 ouragans – dont le catastrophique ouragan Katrina qui a dévasté la Louisiane, tuant plus de 2000 personnes, nos confrères du Monde.
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«Les données enregistrées au cours des cinquante dernières années par le US National Hurricane Center (NHC) montrent une nette tendance à l’intensification des événements cycloniques depuis la fin des années 1990», note l’article de Monde. «En moyenne, on passe de cinq ouragans par an, toutes catégories confondues, au cours des décennies 1970-1980 et 1980-1990, à près de huit pour les décennies 2000-2010 et 2010-2020. »
Température de l’eau et humidité de l’air : ingrédients pour transformer une tempête en ouragan
Et parmi tous les événements de type tempête, les ouragans – phénomènes les plus intenses – représentent une part de plus en plus importante : plus de 40 % depuis les années 1990, contre seulement un quart dans les années 1970, notent nos confrères. Mais pour autant, peut-on dire que cette intensification des ouragans et cyclones est causée par le réchauffement climatique ?
«Les cyclones de plus grande intensité sont l’une des conséquences attendues du changement climatique», expliquait à l’AFP en 2017 Valérie Masson-Delmotte, membre du GIEC, le groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique.
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Une analyse confirmée depuis par le dernier bilan des spécialistes du climat : «La proportion de cyclones tropicaux intenses (catégorie 4-5) et les vitesses de vent maximales des cyclones tropicaux les plus intenses devraient augmenter à l’échelle mondiale avec le réchauffement climatique (confiance élevée)« , (GIEC, 2021).
Mais pourquoi ? «Plus la température de l’eau et l’humidité sont élevées, plus le cyclone peut devenir intense. Cependant, ces deux éléments sont plus intenses en raison de l’augmentation de l’effet de serre.« , a précisé le climatologue. «On considère qu’il y a 7% d’humidité en plus dans l’atmosphère par degré de réchauffement. »
Des tempêtes qui s’intensifient rapidement ?
«Les ouragans et les typhons sont des « moteurs thermiques », ce qui signifie qu’ils prélèvent l’énergie thermique des océans et la convertissent en énergie cinétique (mouvement, NDLR) quels sont les vents», complète Jeff Masters, météorologue du programme Yale Climate Connections, cité par CNN. «Donc, si vous augmentez la quantité d’énergie thermique dans l’océan en le chauffant, vous allez augmenter non seulement l’intensité maximale qu’ils peuvent atteindre, mais aussi la vitesse à laquelle ils atteignent cette intensité maximale.. »
«Le changement climatique augmente à la fois l’intensité maximale que ces tempêtes peuvent atteindre et le taux d’intensification qui peut les amener à ce maximum.», renchérit Jim Kossin, ancien climatologue à l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA) et consultant pour la société Climate Service.
On parle alors d’« intensification rapide », expression qui désigne un renforcement des vents, observé sur une courte période de temps. Concrètement, c’est le cas lorsque la vitesse du vent augmente d’au moins 35 miles par heure (56 km/h) en moins de 24 heures, précisent nos confrères de CNN.
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Il est «la limite extrême de la vitesse à laquelle les tempêtes peuvent s’intensifier», renchérit Allison Wing, professeur de sciences atmosphériques à la Florida State University, contactée par les médias américains.Environ 6 % seulement de toutes les périodes de prévision (y) sont associées (…). Il s’agit donc, par définition, d’un événement rare. Parfois, cela n’arrive que quelques fois par saison« .
Avec l’ouragan Ian, le typhon Noru, aux Philippines, est l’autre exemple le plus récent : ce phénomène cyclonique est passé directement de la catégorie 1 (vents maximum entre 118 et 153 km/h) à la catégorie 4 (entre 210 et 249 km/h). .. en une seule nuit !
Déplacement des ouragans
En plus de l’intensification rapide, le réchauffement climatique provoque également le déplacement des ouragans, des typhons et des cyclones :Météo-France prévoit un déplacement progressif vers le nord de l’activité cyclonique au cours de la seconde moitié du siècle, ce qui exposera davantage la côte Est des États-Unis« , raconte Le monde.
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