Une campagne médiatique nationale, voire internationale, à l’image de l’influence exercée par l’homme lui-même. L’ensemble de la presse a choisi d’ouvrir ses colonnes, ses scènes et ses micros à l’ancien président à l’occasion de la sortie de son livre « Le temps des combats ». Infodujour.fr vous dit tout sur les passages manquants du livre de 627 pages.
Par Frédéric Crotta
La Libye est bien entendu mentionnée dans le volumineux livre de l’ancien président Sarkozy. Mais uniquement pour justifier l’intervention entreprise par les pays du « bien » pour destituer Kadhafi, le dictateur à « l’esprit perturbé ». Et de saluer le « brillant et fidèle » BHL qui, selon l’auteur, se situe « bien au-dessus de beaucoup de ceux qui se prétendent ‘intellectuels’ sans jamais prendre le risque du moindre voyage ».
Devant le tribunal correctionnel de Paris
Pas un mot cependant sur les petits problèmes rencontrés en Libye, qui amèneront l’auteur et ses amis devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, du 6 janvier au 10 avril 2025. Le parquet financier ayant en effet décidé de renvoyer l’ancien président pour « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs ». Pas moins.
On peut toujours accorder le bénéfice du doute à l’auteur et à son éditeur : la décision de justice intervient quelques jours seulement après l’arrivée du livre en librairie. Mais étant donné la franchise qui caractérise l’auteur, je n’hésite pas à dire que, le moment venu, cette nouvelle aurait fait l’objet de quelques pages supplémentaires.
Pour Nicolas Sarkozy, « Le temps des combats » est avant tout l’occasion de rendre hommage à ses proches, son entourage, qui l’entourent depuis son arrivée à l’Élysée. L’ancien président excelle à distribuer des bons points, mais aussi à confectionner des costumes. Et bien sûr, son entourage ne fait pas exception.
Comme le « vieil ami » Brice Hortefeux, qui ne s’habillait pas pour l’hiver. On sait tous ce que l’ancien maire de Neuilly pense de lui. Pour remplacer Michèle Alliot Marie au ministère de l’Intérieur – une erreur de casting pour l’ancien Président –, il a fait appel à son fidèle conseiller et ami. Tout en omettant de mentionner qu’il est aussi son compagnon d’infortune dans la saisine du tribunal correctionnel du dossier libyen.
Guéant : Section VIP Santé
Le même traitement s’applique à Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée et ancien ministre de l’Intérieur. Cependant, il y a une sérieuse mise en garde lorsqu’il s’agit d’exprimer des sentiments à son sujet.
Hors de question de dire quoi que ce soit en bien ou en mal sur ce personnage, qui devra également comparaître à nouveau devant les juges dans le cadre de l’affaire Libye. Il faut dire qu’il n’a pas fait grand chose depuis qu’il s’est rendu dans le quartier VIP de la prison de la Santé pour une grosse affaire d’argent impliquant des primes en espèces du ministère de l’Intérieur. Son incarcération est définitive, ayant été validée par la Cour de cassation française.
L’aveu de Nicolas Sarkozy : Claude Guéant et Emmanuelle Mignon n’ont pas vraiment eu le coup de foudre. « Elle était très discrète sur ses émotions », explique Nicolas Sarkozy… Cette difficulté à s’ouvrir entraînait parfois une certaine brutalité dans ses réactions. Son inimitié envers Claude Guéant était notoire, tout comme son penchant pour une idéologie de droite trop influencée par ses profondes convictions religieuses.
Le seul point commun entre les deux hommes était d’être en difficulté judiciaire dans la même affaire, les sondages dits de l’Élysée. Mais il n’y a aucune trace de cela dans le livre. Le 22 janvier 2022, Claude Guéant a été condamné à un an de prison dont quatre mois avec sursis. En conséquence, il a été envoyé directement en prison. Emmanuelle Mignon n’a écopé que de six mois de prison avec sursis.
Pas une seule ligne pour Patrick Buisson
S’il est une personne qui ne figure pas du tout dans cet ouvrage, c’est bien un autre prévenu dans cette affaire : Patrick Buisson, qui a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Autrefois considéré comme un proche conseiller du président Sarkozy, Buisson ne semble pas avoir fait grande impression auprès de l’auteur, qui ne lui consacre pas une seule ligne.
Peut-être était-ce dû à un certain ressentiment : le grand penseur avait un deuxième métier : celui d’ingénieur du son. Patrick Buisson enregistrait tout, y compris ses rencontres avec le président de la République de l’époque. Cela a naturellement agacé Nicolas Sarkozy, qui a fait appel à la justice de son pays. En 2014, Patrick Buisson a été condamné à verser à Nicolas et Carla 10 000 euros pour atteinte à la vie privée.
« Le temps des mises en examen »
Une autre figure de l’Elysée a complètement disparu de la mémoire de l’auteur. Il s’appelle Franck Supplisson. Ancien conseiller de l’Élysée – il était également proche de Christine Lagarde – l’homme s’est lancé dans le commerce et l’industrie. Mais la loi semble l’avoir retenu. Il fait actuellement l’objet d’une enquête dans plusieurs affaires.
On aurait aimé en savoir un peu plus sur lui de la part de l’ancien Président.
Le 12 septembre prochain, Franck Supplisson devrait connaître son sort. Il a été jugé devant la cour d’appel d’Orléans du chef de prise illégale d’intérêts, pour lequel il risque une peine de prison avec sursis.
Face à toutes ces personnes, dont plusieurs ont eu affaire à la justice, pourquoi Nicolas Sarkozy ne consacre-t-il pas un nouveau volume autobiographique au bien intitulé « Le temps des mises en examen » ?
Contactées, Claude Guéant et Emmanuelle Mignon n’ont pas répondu à nos demandes. Interrogé sur ses impressions, Franck Supplisson a répondu qu’il n’avait pas lu le livre.
New Grb2
