bientôt des implants dans le cerveau humain

Le recrutement pour les essais cliniques n’est pas encore ouvert, mais ce n’est qu’une question de temps. L’agence américaine du médicament (Food and Drug Administration, FDA) vient d’autoriser Neuralink à tester ses implants cérébraux sur l’homme. « C’est une première étape importante qui permettra un jour à notre technologie d’aider de nombreuses personnes », a réagi la start-up californienne sur Twitter.

Co-fondé en 2016 par Elon Musk, Neuralink conçoit des dispositifs connectés à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs par la pensée. Rechargeables à distance, ils doivent d’abord être utilisés pour venir en aide aux personnes paralysées ou atteintes de maladies neurologiques. Mais à terme, l’entreprise souhaite rendre ces implants suffisamment fiables pour en faire une chirurgie élective (chirurgie non urgente). Les gens pourraient alors payer des milliers de dollars pour doter leur cerveau d’une puissance de calcul. Pour le milliardaire, ces puces doivent permettre à l’humanité de réaliser une « symbiose avec l’intelligence artificielle (IA) », comme il l’expliquait en 2020.

Contrôler le mouvement par la pensée

Jusqu’à présent, des prototypes de la taille d’une petite pièce de monnaie ont été implantés dans des crânes d’animaux. Plusieurs singes se sont ainsi montrés capables de « jouer » à des jeux vidéo ou de « taper » des mots sur un écran, simplement en suivant du regard le mouvement du curseur sur l’écran. Fin novembre, la start-up a également fait le point sur ses dernières avancées dans la conception d’un robot chirurgien et le développement d’autres implants, à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour redonner mobilité ou vision.

Depuis 2019, Elon Musk a déjà annoncé à plusieurs reprises le lancement imminent d’essais cliniques. En novembre dernier, il a de nouveau exhorté les employés de Neuralink à accélérer le rythme : « Nous serons tous morts avant que quoi que ce soit d’utile n’arrive », a-t-il déclaré, selon Bloomberg.

Polémique sur l’expérimentation animale

Les délais intenables fixés par le milliardaire expliqueraient aussi pourquoi l’entreprise fait l’objet d’une enquête pour maltraitance animale : c’est ce qu’a révélé Reuters en décembre 2022, sur la base de plusieurs témoignages faisant état d’expériences bâclées pour répondre aux injonctions de résultat imposées par Elon Musk. Depuis 2018, environ 1 500 animaux (dont plus de 280 porcs, moutons et primates) sont morts dans les laboratoires de l’entreprise.

En début d’année, une première demande d’essais cliniques avait été déposée par Neuralink, mais avait été refusée par la FDA. L’agence aurait demandé des précisions sur la présence d’une batterie lithium-ion, les risques de voir les câbles migrer à l’intérieur du cerveau, ou encore la possibilité d’extraire l’implant.

D’autres sociétés travaillent sur le contrôle des ordinateurs par la pensée, comme Synchron, grand rival de Neuralink, qui a annoncé en juillet 2022 avoir implanté la première interface cerveau-machine aux États-Unis. Plusieurs patients testent l’implant, qui a été inséré dans des vaisseaux sanguins, pour pouvoir composer des e-mails ou surfer sur Internet en utilisant leurs yeux et leur cerveau.