Berlin en train de densifier son réseau de souffleries CO2

L’Allemagne, qui avait tant misé sur l’utilisation du gaz naturel russe, est conduite à des révisions très dures en matière d’approvisionnement énergétique. Une véritable réorganisation de ses équipements dédiés à la production d’électricité est ainsi prévue. Cela aura certainement un effet amplificateur sur les émissions de gaz à effet de serre d’un pays qui était déjà l’un des plus gros pollueurs d’Europe.
Robert Habeck, le ministre écologiste de l’Economie et du Climat, vient d’annoncer qu’il allait prolonger la durée de vie et l’accessibilité du réseau de centrales fonctionnant au charbon, au lignite et au pétrole. Au total, une dizaine de gigawatts issus de ces différentes sources devraient être mis à disposition pour alimenter le réseau électrique. « d’ici cet automne ».
risque accru de panne de courant
Berlin fait face à un énorme dilemme. Une panne totale ou partielle du gaz naturel russe augmente, outre le prix du kilowattheure, le risque de coupures voire de pannes sur le réseau électrique. L’arrivée, à tout moment, de l’électricité dans les foyers et les entreprises n’est garantie que s’il y a suffisamment de centrales « pilotable »capable de s’adapter aux fluctuations de la demande.
Paradoxe lancinant : l’équipement déjà très dense du pays en éoliennes et équipements photovoltaïques n’est d’aucune utilité pour assurer la fiabilité de l’approvisionnement continu en électricité. Car ces énergies sont, par définition, aussi intermittentes que le Soleil et le vent.
Les résultats de cette brusque adaptation allemande pourraient être d’autant plus contre-productifs en termes d’émissions de gaz à effet de serre que Robert Habeck s’est prononcé contre un éventuel maintien en activité des trois dernières centrales atomiques allemandes, promises à la fermeture d’ici la fin de cette année 2022. Cette soumission assumée au dogme antinucléaire fera perdre au réseau un peu plus de quatre gigawatts supplémentaires début 2023, quelle que soit l’évolution des livraisons de gaz naturel russe et tant que l’énergie des centrales atomiques ne émettent du CO2. Ce recours désormais programmé aux énergies fossiles les plus polluantes vient en totale contradiction avec les engagements du gouvernement qui entendait réduire l’usage du charbon et du lignite pour s’en passer totalement. « d’ici 2030 « .
La dépendance au charbon a pris une telle dimension que Berlin n’a pas hésité à négocier des importations de charbon avec le gouvernement du très droitier président colombien sortant, Ivan Duque. Le carburant provient d’une gigantesque mine à ciel ouvert où les droits des mineurs et des populations indigènes locales sont foulés aux pieds.
Dans le même temps, Berlin se prépare durement à l’arrivée du gaz naturel liquéfié en provenance des Etats-Unis ou du Moyen-Orient. Faute d’infrastructures portuaires à cet effet, la finalisation de terminaux méthaniers géants offshore est en cours. Cela devrait contribuer à accélérer encore la hausse du prix du kilowattheure sur un marché européen libéralisé de l’électricité fonctionnant sur le modèle… allemand.
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