Il est 8h30 et les élèves de l’école catholique Salesiano, à Valparaiso, entrent librement dans les locaux de l’établissement, vêtus de leur uniforme. Dans quelques jours, l’entrée sera plus sélective. Les enfants de plus de 14 ans passeront par un détecteur de métaux. « Les barrières sont une mesure préventive liée à plusieurs cas d’élèves pris avec des armes dans d’autres écoles », justifie l’établissement, qui attend une décision de l’académie pour installer ses portails.
Avec cette mesure, l’école salésienne a défrayé la chronique et créé la polémique dans le milieu éducatif, déjà très inquiet de la recrudescence des violences à l’école depuis le retour obligatoire des cours en présentiel en mars dernier. Le syndicat national des enseignants a dénoncé cette initiative, prise arbitrairement par l’école salésienne, déclarant que « Personne ne veut que les schémas carcéraux se répètent dans nos écoles ».
De nombreuses écoles ont fermé
Depuis octobre 2019, la vie des élèves et des étudiants a changé au Chili. Pendant la révolte sociale, de nombreuses écoles ont dû fermer. Après les vacances d’été (décembre 2019 à février 2020), la pandémie a contraint tous les établissements à rester fermés pendant toute l’année scolaire 2020.
Veronica Lopez, directrice du Centre de recherche sur l’éducation inclusive de l’Université catholique du Chili à Valparaiso, souligne que les conséquences de ce long confinement ont été très différentes selon les écoles : « L’école au Chili favorise la ségrégation. Pendant des décennies, il a fonctionné comme un marché et génère beaucoup de discrimination. Où vous allez est déterminé par votre classe sociale. La qualité de l’enseignement est donc très différente selon les écoles. »
A partir de mars 2021, le retour en classe était volontaire, et « les collèges privés, qui disposent de plus de moyens, ont permis aux élèves de reprendre les cours vers avril 2021 », poursuit Veronica Lopez. « Les élèves des collèges publics, eux, sont plutôt rentrés vers octobre 2021. Deux ans donc, depuis octobre 2019, sans aller à l’école. Leurs petits budgets ne leur permettaient pas de remplir les conditions d’accueil. C’est dans ces derniers établissements que l’on observe les plus grands problèmes de violence ». Un rapport du Center for Inclusive Education décrit en effet « difficultés de coexistence scolaire, épisodes d’agression, de harcèlement et de violence entre élèves et envers les enseignants ».
Pas d’ordinateurs à la maison
L’école publique David-Ben-Gurion, située dans le quartier populaire de Las Canas à Valparaiso, fait partie de ces écoles qui ont utilisé des bouts de ficelle pour assurer l’éducation de leurs élèves et qui sont confrontées à des problèmes de convivialité. « 70% de notre activité est en autogestion », explique sa directrice Claudia Vergara. L’équipe pédagogique « continué à maintenir un contact direct avec chaque enfant par téléphone » mais ils ont encore « perdu le fait de vivre ensemble », elle continue. Sa co-directrice, Roxana Veliz, précise que « l’instabilité de la connexion Internet à l’école et chez les enfants a rapidement écarté l’idée de l’enseignement à distance ». De plus, les élèves de ce quartier populaire « n’avait pas d’ordinateurs à la maison » et ils ont dû faire « un appel aux dons pour équiper les enfants ». Malgré les efforts, Claudia Vergara reconnaît que« Il y a un retard notable sur le plan éducatif mais aussi sur le plan émotionnel » Quel « vas y encoreaccroître les inégalités entre étudiants du privé et du public ».
Le nombre de cas de Covid-19 augmente à nouveau avec l’hiver dans l’hémisphère sud. C’est pourquoi le ministère de l’Education avait prolongé et avancé ces vacances scolaires d’hiver. Une mesure qui a rendu les enfants heureux, mais qui risque d’aggraver l’isolement et la violence entre eux.
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Un pays en mutation
Un président de gauche. Gabriel Boric, de la coalition de gauche Approval Dignity, a été élu en 2022. Sa victoire représente un changement par rapport aux titulaires centristes, qui président le pays depuis la fin de la dictature militaire d’Augusto Pinochet en 1990.
Une femme mapuche, Elisa Loncon a été nommée présidente de l’Assemblée constituante le 4 juillet, chargée de rédiger la nouvelle Constitution du Chili.
Cette assemblée a neuf mois avant, plus peut-être encore trois mois, pour l’écrire.
A la fin de ce travail, le texte devra encore être approuvé par référendum.
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