A Mayotte, la nouvelle mise en scène sécurité de Darmanin

A ce rythme, Gérald Darmanin devrait envisager de louer un pied-à-terre à Mamoudzou, la capitale de Mayotte. A l’occasion du week-end du Nouvel An, le ministre de l’Intérieur a effectué sa quatrième visite dans l’archipel, la deuxième en six mois. Et il prévoit déjà de revenir en mars. Pour ce déplacement, il a organisé un réveillon aux côtés des élus mais surtout des policiers et gendarmes déployés sur place. Si le ministre tient à honorer régulièrement de sa présence le territoire, situé à mi-chemin entre Madagascar et le Mozambique, c’est d’abord parce que l’archipel concentre tous les problèmes – sécurité, santé, pauvreté, immigration – qui permettent de mettre en scène sa politique, en migration particulière. A ce titre, Mayotte est devenue « un laboratoire où sont testées les mesures de durcissement du droit à la nationalité », comme l’explique le sociologue Nicolas Roinsard (1). Cette visite n’a pas fait exception.
Alors que certains élus locaux, comme le maire de Mamoudzou, Ambdilwahédou Soumaïla, demandent la « suppression définitive » Au sol, Gérald Darmanin a d’abord annoncé le maintien des policiers du Raid, arrivés en novembre, pour une durée de plusieurs mois. Surtout, le ministre dit vouloir une « changement de paradigme extrêmement fort » sur la question des migrations, avec « la création d’un groupe de recherche interministériel » sur les réseaux clandestins ainsi qu’un « groupe spécifique de policiers, gendarmes et autres administrations sur le travail illégal et l’immigration irrégulière ». Côté technopolice, le ministre a été témoin de l’utilisation d’un drone capable de détecter des bateaux dans un rayon de 5 kilomètres. Enfin, un décret publié le 27 décembre prévoit la création d’un bureau d’enquête de police judiciaire dédié à l’immigration clandestine.
Prolongation de la période de résidence
Quant au nouveau durcissement de la loi du sol, qui devait initialement s’inscrire dans la loi asile et immigration qui sera débattue au Parlement dans quelques semaines, il devrait finalement faire l’objet d’un texte séparé et exclusif à Mayotte. Il appartiendra à Emmanuel Macron de « décider dans les semaines à venir » sur le sujet, a précisé Gérald Darmanin. La principale mesure est pourtant connue : l’allongement de trois mois à un an de la durée de résidence nécessaire des parents pour qu’un enfant né à Mayotte puisse obtenir la nationalité française. Or, c’est justement cette politique qui produit le plus de clandestinité et d’enfants abandonnés, comme l’analyse Nicolas Roinsard sur France Info : « C’est comme ça qu’ils entrent dans les gangs : pour avoir la protection de leur clan. » Dans ce contexte, l’autre enjeu de cette visite est passé presque inaperçu : la montée des eaux, alors que 80% de la population vit sur le littoral. En cause : le réchauffement climatique, mais surtout l’émergence d’un méga-volcan sous-marin au large des côtes, qui a déjà entraîné un affaissement du sol de 20 centimètres. Mais face à un péril géologique, il est plus difficile de jouer au cape et d’épée.
New Grb1