à Matignon, Élisabeth Borne prépare le terrain devant des chefs de parti sceptiques

Élisabeth Borne ce lundi 18 septembre à Matignon. Lafargue Raphaël/Lafargue Raphaël/ABACA
La rencontre, organisée sur le modèle des Rencontres de Saint-Denis, avait pour objectif de leur présenter les grandes lignes des décisions de l’exécutif, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Élisabeth Borne prépare le terrain pour Emmanuel Macron. Une semaine avant l’allocution du chef de l’Etat, prévue le 25 septembre, la Première ministre a présenté le « planning écologique » de son gouvernement aux chefs de parti, réunis lundi à Matignon. Une façon de « test », Selon un membre de l’exécutif, les grands axes d’une feuille de route plusieurs fois repoussée, ce que promet l’Élysée « cohérent », « rationnel » Et « ambitieux ». Ce mardi, c’est aux membres du Conseil national pour la refondation (CNR) que la chef du gouvernement doit faire part de ses ambitions.
Lundi, après deux heures de discussions à huis clos – sans les Insoumis Manuel Bompard, hostile à un « nouvelle opération de communication sans effet » -, Les dirigeants de l’opposition ont exprimé leur scepticisme. La patronne des Verts, Marine Tondelier, reconnue « un constat très complet, très lucide et tout à fait inédit », mais elle a appelé « l’action ». A droite, le président de LR, Éric Ciotti, a de son côté déploré le manque de « perspectives » sur les moyens « Réaliser et financer » Ce plan. Avec des représentants du RN et des communistes, il a alerté sur le risque de contraintes fortes sur le pouvoir d’achat. A l’heure où les prix de l’énergie explosent.
La moitié de la réduction attendue des émissions de CO2 est entre les mains des entreprises, un quart entre les mains des pouvoirs publics et un quart entre les mains des ménages.
Le Cabinet du Premier Ministre
Avant eux, Élisabeth Borne était venue avec une synthèse du plan publié en juillet. L’objectif : préserver les écosystèmes et les ressources, mais surtout réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990. Cela implique de passer de 408 millions de tonnes équivalent CO2 émis en 2022 à 270 millions en 2030. « Aujourd’hui, nous devons réussir à faire en sept ans plus que ce que nous avons fait au cours des trente-trois dernières années. » rappelle-t-on ainsi Matignon.
Pour y parvenir, l’effort doit être réparti de manière « juste »: « La moitié de la baisse attendue des émissions est entre les mains des entreprises, un quart entre les mains des pouvoirs publics et un quart entre les mains des ménages. » selon le Cabinet du Premier ministre. Par exemple, le secteur des transports – le plus polluant de France – doit passer de 129 millions de tonnes émises l’an dernier à 92 millions en 2030.
Annonces inédites
Possible, selon le plan, si nous déménageons « 15 % de véhicules 100 % électriques rouleront en 2030 contre seulement 1 % aujourd’hui », via un soutien accru à la conversion ou au déploiement de bornes de recharge. C’est aussi possible si l’on triple l’usage quotidien du vélo, si sept millions de salariés télétravaillent trois jours par semaine, si cinq millions de Français choisissent davantage le tourisme de proximité, si l’on développe des RER métropolitains dans une dizaine de villes…
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Autre exemple, le secteur du bâtiment, qui doit réduire ses émissions de 28 millions de tonnes d’ici 2030. La suppression de 75 % des chaudières au fioul et de 20 % des chaudières à gaz permettrait déjà de réduire les émissions de CO2. « près de 40 % des émissions directes du secteur ». L’isolation des bâtiments est également un enjeu majeur, nécessitant le recrutement de 4 000 à 5 000 « guides Rénov’ » rien qu’en 2025. « La difficulté du projet est qu’il faut assumer une part technologique pour être crédible auprès des spécialistes, et en même temps rendre nos mesures visibles au grand public à travers des objets concrets », explique l’un de ses artisans.
Pour remplir ses objectifs, l’État compte mobiliser 7 milliards d’euros supplémentaires dans son budget 2024, qui doit être présenté le 27 septembre en Conseil des ministres. Reste à savoir comment il compte les distribuer. Des réponses d’Emmanuel Macron, exhorté à aller de l’avant par les écologistes et une partie de son camp, sont espérées. En attendant, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, prépare les esprits à de nouvelles annonces : ce que présentera le chef de l’Etat, assure-t-il, « Aucun pays au monde ne l’a fait. »
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