28ème Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan

Les intervenants à la présentation de l’ouvrage « Quelques événements dénués de sens à reconstituer ».
La troisième Rencontre programmée au Festival s’est déroulée autour de la publication collective « Des événements sans sens à reconstruire » d’après le film « Des événements sans sens » de Mustapha Derkaoui. Cette présentation, animée par Ahmed Boughaba, a eu lieu à la librairie Agora avec la participation de Mustapha et Abdelkrim Derkaoui, Léa Morin et Mohamed Gibril.
Le travail «Quelques événements dénués de sens à reconstituer», avec le DVD du film Mustapha Derkaoui restauré, réunissant une pléiade d’intellectuels, de cinéastes et d’artistes, restitue, pièces à l’appui, l’histoire de ce film interdit pendant des années, puis retrouvé et restauré Barcelone revivre une seconde naissance Berlin. Puis est venue l’idée de faire un livre pour raconter ce qui s’est exactement passé concernant cette interdiction.
Mustapha Derkaoui a déclaré à ce propos qu’il était heureux que son film soit interdit au lieu d’être censuré. Sachant qu’elle a été diffusée clandestinement à Casablanca et à Khouribga avant de retrouver sa nouvelle naissance, avec Léa Morin qui s’est occupé de la publication du livre. « Tout a commencé suite à ma rencontre avec Mustapha Derkaoui en 2014. J’ai donc commencé par une série d’entretiens avec lui sur son premier film réalisé en 1974 et qui était plus visible grâce à une copie qui circulait, car il n’était jamais sorti officiellement ni projeté en festival. Au fur et à mesure que les recherches avançaient, nous avons pu identifier les négatifs originaux qui se trouvaient à Barcelone. C’est à partir de là que fut lancé le projet de restauration de films.
«Quelques événements dénués de sens à reconstituer» dans les cinémas
À partir de 2019, le film connaît une nouvelle vie, avec une rediffusion à la Berlinale. Il retrouve ainsi sa place dans le le cinéma au Maroc et ailleurs. Il faut dire que les archives conservées par Abdelkrim Derkaoui étaient à l’origine de ce livre », dit Léa Morin, commissaire intéressé par les modernités cinématographiques minoritaires ou non alignées. Des interviews, des lettres, un essai et des discussions constituent cette œuvre qui évoque un peu l’époque où le film a été tourné. Tout en accordant de l’importance à la période en Pologne où Frères Derkaoui étudié le cinéma.
Pour les documents, il faut dire qu’il est le frère de Mustapha Derkaoui qui a su sauver l’histoire de ce film en préservant soigneusement tout ce qui s’y rapportait. « Comme Mustapha n’était pas très organisé, j’étais chargé de conserver toutes les photos, albums, articles pour sauvegarder notre travail », raconte Abdelkrim. L’intellectuel et critique, Mohamed Gibril pour sa part, a précisé qu’avant même sa sortie le film avait constitué un véritable événement au moment de son tournage. « Dans cette naissance extrêmement difficile et aléatoire de Films marocainsil y a eu des choses assez remarquables à travers la participation d’un grand nombre d’artistes, d’intellectuels, de poètes, de plasticiens, d’écrivains… Parce que ce film, déjà en cours de réalisation, était un acte militant.
Et les autorités en avaient déjà la moindre idée avant même la sortie du film. Évidemment, les raisons de l’interdiction sont claires et ont permis de mettre le film au réfrigérateur au lieu d’être mutilé. C’est en ce sens que ce film a eu une grande résonance auprès des cinéastes et des créateurs, car pour une fois on a vu quelque chose de vraiment libre et qui a osé dire les choses librement », explique Mohamed Gibril. Pour son mot écrit au public, Mustapha Derkaoui dit : « Je suis un homme très chanceux, l’interdiction a fait du film ‘sur des événements insignifiants’ un film intéressant. » Un débat très fructueux a eu lieu suite aux interventions des participants à la présentation où plusieurs aspects du film ont été abordés par les cinéastes et les critiques, comme Hassan Benjelloun, Moulay Driss Jaidi, Amer Cherki, Mohamed Laâroussi pour en nommer quelques uns. Mais, avec une conclusion de Léa Morin qui indique que « de nombreux cinéastes qui ont été soumis à la censure n’ont, en général, pas pu continuer, alors que Mustapha Derkaoui a ensuite réalisé plusieurs films. Il faut dire aussi que cette interdiction a eu des effets sur son cinéma.
Lire aussi : Rencontre avec le réalisateur Hassan Benjelloun
Grb2